Wednesday, February 11, 2009

Ben Jamming (Né "Tania où?")


C'est vraisemblablement Benjamin Netanyahou qui sera en position de bâtir une coalition après une tentative de Tzipi Livni qui risque bien de s'avérer infructueuse © Jonathan Nackstrand /AFP

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La confusion politique règne mercredi en Israël au lendemain des élections législatives . Le scrutin à la proportionnelle rend une nouvelle fois indispensable la constitution d'une coalition de gouvernement, encore très incertaine. Le parti Kadima de Tzipi Livni arrive en tête avec 28 sièges, un seul d'avance sur son rival de droite, le Likoud, dirigé par Benjamin Netanyahou . Le parti populiste d'Avigdor Lieberman , Beiteinou, arrive en troisième position avec 15 sièges. Le Parti travailliste est laminé. Il n'obtient que 13 mandats. Les résultats sont encore provisoires. Lepoint.fr a interrogé Frédéric Encel, spécialiste d'Israël et auteur d'un Atlas géopolitique d'Israël paru aux éditions Autrement , sur les conséquences de ce vote.

Lepoint.fr : Les leaders de Kadima , Tzipi Livni, et du Likoud, Benjamin Netanyahou, revendiquent chacun la victoire. Qui a gagné ?
Frédéric Encel : Formellement, c'est Tzipi Livni parce que son parti a obtenu le plus grand nombre de sièges à la Knesset (Assemblée israélienne). Traditionnellement, et non pas constitutionnellement, le président de l'État d'Israël, Shimon Pérès, doit s'adresser à elle pour constituer une coalition. Or, celle-ci devra évidemment atteindre la majorité absolue de 60 députés sur 120 lors d'un vote de confiance. Dans la réalité, Tzipi Livni aura beaucoup de mal à la constituer parce qu'aucun bloc de gauche n'est assez fort pour revendiquer le pouvoir. La gauche a été écrasée. Du coup, Tzipi Livni est obligée de se tourner à la fois vers le Likoud et le parti populiste russophone d'Avigdor Lieberman. Mais Benjamin Netanyahou ne le permettra pas puisqu'arithmétiquement, il est le seul capable de constituer une coalition soit au centre, soit à droite. C'est donc très vraisemblablement lui, numéro deux en termes de suffrages, qui bâtira une coalition après une tentative de Tzipi Livni.

Lepoint.fr : Quel va être le parti central de la politique israélienne lors de la prochaine législature ?
F. E. : Il est difficilement imaginable que le Likoud ne soit pas le parti pivot de la politique israélienne pour les quatre années à venir. De la même manière, il est peu envisageable que Kadima ne le soit pas également, même si Benjamin Netanyahou peut très bien construire une coalition avec la droite nationaliste. Mais je n'y crois pas.

Lepoint.fr : Comment peut-on expliquer la déroute de la gauche et du Parti travailliste en particulier ?
F. E. : Un niveau de conflictualité élevé dans une démocratie en guerre comme Israël favorise, en général, la montée des partis nationalistes ou de ceux qui ont tenu des discours fermes. C'est le cas de Tzipi Livni. Mais c'est aussi beaucoup plus profond que cela. Avant même la guerre à Gaza, les sondages accordaient entre 10 et 15 députés au Parti travailliste. Ce dernier n'a pas d'idées : son programme est aussi flou et aussi peu novateur qu'il l'était encore il y a quelques années. Si on ajoute la désinvolture du Parti travailliste vis-à-vis des problèmes sociaux qui sont très importants aux yeux des Israéliens et l'usure d'Ehoud Barack, qui a déjà été Premier ministre en 1999-2000, cela explique un score absolument catastrophique.

Lepoint.fr : La guerre à Gaza ne devait-elle pas renforcer, sur le plan de la sécurité, la crédibilité de la précédente coalition au pouvoir (Kadima et le Parti travailliste) ?
F. E. : Ça aurait pu jouer, mais les Israéliens ont préféré l'original à la photocopie. Ehoud Barack sait faire la guerre, il l'a redémontré. Reste que ceux qui sont crédités d'une capacité plus grande à faire preuve de fermeté vis-à-vis des Palestiniens, ce sont Benjamin Netanyahou et Avigdor Lieberman. Peut-être aussi Tzipi Livni parce qu'elle a tenu des discours extrêmement fermes, elle aussi.
Lepoint.fr : Cette élection compromet-elle la création d'un État palestinien à court terme ?
F. E. : Ce n'est pas évident, si la coalition gouverne au centre. On peut imaginer un gouvernement de coalition bâti par Benjamin Netanyahou autour du Likoud, de Kadima et des travaillistes : il obtiendrait très facilement la majorité absolue, il serait solide - parce que ne réunissant que trois partis - ; il serait relativement cohérent - parce qu'il n'y aurait pas d'extrémistes et relativement peu de populistes - et il pourrait s'engager vite dans le processus de paix. Après tout, c'est Ariel Sharon qui a évacué, certes de façon unilatérale, la bande de Gaza en 15 jours en 2005.

Lepoint.fr : Benjamin Netanyahou est-il prêt à construire une telle coalition sans l'extrême droite de Lieberman ?
F. E. : C'est probable qu'il le veuille, mais il n'est pas sûr qu'il puisse la constituer, car il est entouré par des faucons au Likoud qui sont là pour le surveiller, parce qu'il est trop centriste à leur goût.

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