Bianca s'est noyée, il y a trois mois, dans le bassin ludique de Crozon. Ses parents sont révoltés par le silence du maire qui n'a pas évoqué ce sujet en dressant le bilan 2008 de la piscine.
Le 16 novembre dernier, Bianca, 5 ans, se noyait dans la piscine ludique de Crozon. Elle aurait eu 6 ans le 30 janvier. Son père et sa mère viennent d'être entendus par les gendarmes.
Le maire a communiqué un bilan de fréquentation élogieux de l'établissement en 2008. Sans un mot pour Bianca.
Son père, Sylvain Reynouard, ne supporte pas cette indifférence. « Le seul point négatif relevé par le maire en 2008, c'est la surconsommation d'énergie. C'est indigne. La mort de notre petite fille n'est même pas évoquée. Ce drame est moins important que la consommation de gaz. »
Défibrillateur non utilisé
Les parents de la petite Bianca ont relevé de nombreux points négatifs qu'ils estiment aggravants dans l'accident de leur fille. Le nombre de maîtres-nageurs sauveteurs d'abord. « Depuis l'accident, ils sont deux en permanence. Et des miroirs ont été disposés pour éviter les angles morts. » Ensuite, le règlement intérieur, qui stipule que « les enfants de moins de huit ans sont sous la responsabilité des parents », est sans valeur légale. « La loi impose la surveillance constante de toute baignade d'accès payant ».
Présent lors du drame, il se souvient également de ces objets en mousse, « des frites que ma fille a utilisées, et des tapis flottants qui empêchent de voir le fond de la piscine. Ils doivent normalement être utilisés à des fins pédagogiques. »
Le maire s'explique
Les secours enfin. Le père regrette « que ni la couverture de survie, ni le défibrillateur de la piscine n'aient été utilisés. Ma petite n'a eu droit qu'à des serviettes de bain mouillées. »
Daniel Moysan, maire de Crozon et président de la communauté de communes gestionnaire de la piscine, explique que le bilan présenté était « économique et de gestion ». Quant au nombre de maîtres-nageurs, « je n'ai fait qu'appliquer le plan d'organisation des secours. Lors de l'ouverture de la piscine, Jeunesse et Sports n'en conseillait qu'un, pour l'accueil du public. Quand ils sont revenus après l'accident, le 5 décembre, ils en conseillaient deux, avec la pose de miroirs pour éviter les angles morts. »
Des explications confirmées par la direction départementale de Jeunesse et Sports. Aujourd'hui, trois mois après les faits, l'enquête diligentée par Eric Tuffery, procureur de la République de Quimper, n'est toujours pas close. « Le courrier adressé par les parents nécessite de nombreuses vérifications. »
Philippe ATTARD.