Wednesday, April 23, 2008

1984



Livre de science-fiction ou traité de philosophie politique ? 1984 de George ORWELL combine génialement les deux genres, c'est ce qui fait la qualité et le renom de ce roman impressionnant.

C'est dans l'immédiate après-guerre, alors qu'il est mourrant, qu'Orwell imagine le monde des années quatre-vingt plongé dans le totalitarisme. Trois Etats totalitaires concurrents perpétuellement en guerre se partagent la planète : l'Océania dirigée par Big Brother, l'Eurasia et l'Estasia.

Orwell qui a été contemporain du nazisme et du stalinisme imagine un totalitarisme absolu, qui ne contrôlerait plus seulement les actes mais surtout les esprits, et avec eux la mémoire, et donc la vérité, la science et l'histoire.

« Le commandement des anciens despotismes était : 'Tu ne dois pas.' Le commandement des totalitaires était : 'Tu dois.' Notre commandement est : 'Tu es.' » (p.360)

Pour domestiquer les esprits, le parti unique invente une langue nouvelle, le novlangue, censée limiter les dangereuses éruptions mentales intempestives (ces associations d'idées nées de notre vocabulaire riche et complexe), et une gymnastique mentale appelée doublepensée permettant de faire coexister une vérité et son contraire.

Le plus inquiétant c'est de constater la machine infernale qui est en marche dans 1984 : le temps joue pour ce système diabolique qui est toujours plus puissant, toujours moins vulnérable. Si on ne détruit pas les germes du mal avant qu'ils n'aient pris racine, le processus totalitaire imaginé par Orwell semble indestructible, irréversible. C'est ce qui explique d'ailleurs la teinte sombre du roman, très pessimiste.

Passage très fort du roman : la torture physique et psychologique subie par Winston dans le 'Ministère de l'Amour'. On retrouve les terribles techniques employées jadis par l'Inquisition puis perfectionnées par nazis et staliniens. Cet apparent paradoxe notamment : le supplicié finit par se sentir proche de son tortionnaire, il l'aime et souhaite obtenir son soutien, il veut faire plaisir à celui qui le fait souffrir au-delà du supportable… Orwell était un grand connaisseur de l'âme humaine.
Notre époque contemporaine a heureusement échappé aux totalitarismes nés de l'après-guerre. On ressort pourtant de la lecture de 1984 avec un profond malaise. Les germes diffus du totalitarisme de Big Brother semblent nous menacer quotidiennement. Bien sûr il n'existe pas de parti unique pour porter ce totalitarisme, mais c'est justement ce qui fait sa force menaçante.

Une forme de novlangue ne s'instaure-t-elle pas dans notre société ? Le « politiquement correct » dans les médias et le jargon technicien incompréhensible des spécialistes (essayez de lire un texte de loi moderne ou de comprendre une réforme économique…) ne sont-ils pas deux déclinaisons complémentaires de cettenovlangue contemporaine ?

L'ignorance crasse règne partout en maîtresse et se drape majestueusement dans les oripeaux de la science : on est capable de parler de tout mais on ne connaît rien (c'est un des enseignements dispensés à Sciences Po sous le vocable vertueux de « culture générale »). Combien de journalistes et d'étudiants qui citent 1984 et Orwell sans répit ont-ils véritablement lu ce roman ?

Le fait qu'une émission de télévision anglo-saxonne très populaire s'intitule « Big Brother » devrait nous faire réfléchir sur les maux qui menacent notre tranquille société moderne.

- Lire des extraits de 1984 d'ORWELL *************OUI LISEZ SVP*****************

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Bernard Lavilliers Paroles de Betty Chansons de Bernard Lavilliers Paroles de Bosse
Big Brother
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Musique: Bernard Lavilliers

Bateaux panaméens, marchands d^Òarmes français
Tueurs américains, matériel japonais
Capitaux catholiques, call-girls asiatiques
Big Brother is watching you !

Des vrilles dans les dents, les paupières brûlées
Voyageur du sertao des déserts cendrés
Les prisons sont fertiles et la vie si fragile ...
Big Brother is watching you !

Là où la CIA surveille le magot
Il y a le KGB qui fait ton numéro
Et si tu leur fais face, ils t'tireront dans le dos
Big Brother is watching you !

Ton pognon se ballade dans de petits lingots
De New York à Lausanne en passant par Rio
Et tu verses à l'épargne, et tu verses à l'impôt
Big Brother is watching you !

T'es vivant camarade ! Ça vient d'être un délit
Fais ton autocritique sur ton crâne poli
Inscris ton matricule numéro du zombie
Big Brother is watching you !

Big Brother te regarde de son œil de plâtre
Parano et livide, décervelé noirâtre
On arrive bientôt, 1984 !
Big Brother is watching you !

Je t'aime au plus profond au-dessus des salauds
Mais aurai-je le temps de trouver mon îlot
Avant que dans le ciel ne revienne à nouveau
Big Brother is watching you !
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Someday they won't let you, so now you must agree
The times they are a-telling,
and the changing isn't free
You've read it in the tea leaves, and the tracks are on TV
Beware the savage jaw
Of 1984

They'll split your pretty cranium, and fill it full of air
And tell that you're eighty, but brother, you won't care
You'll be shooting up on anything, tomorrow's neverthere
Beware the savage jaw
Of 1984

[CHORUS]
Come see, come see, remember me?

We played out an all night movie role

You said it would last, but I guess we enrolled

In 1984 (who could ask for more)
1984 (who could ask for mor-or-or-or-ore)
(Mor-or-or-or-ore)

I'm looking for a vehicle, I'm looking for a ride
I'm looking for a party, I'm looking for a side

I'm looking for the treason that I knew in '65

Beware the savage jaw
Of 1984

[CHORUS]

1984 [ad lib]
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