« Quand la reine est venue chez nous
« Ah ! La belle fête !
« mon aut’ voisin en gabardine
« Ah ! Les belles manières !
« me dit la distinction p’tit con
« on va te l’apprendre pour de bon
« contrôle de l’identité
« pour voir si t’es bien enrhumé
« Vive les souliers à clous !
Il me reste à imaginer qu’avec son copain Georges Blondeaux dit Gébé qui vient de le rejoindre au pays des œuvres posthumes, Béranger se marre rouge et noir en regardant le spectacle télévicié.
- C’était quand la Révolution ?
- Ça se conjugue pas au passé mais au présent !
- Au présent, tout juste un peu dépassé, avant que la Windsor rapplique déguisée en violette, les Toulousains ont dû refaire illico presto les deux mille affiches de bienvenue. " Welcome in Toulouse " que le responsable irresponsable avait écrit, au lieu de " Welcome to Toulouse ".
- Ça représente combien de soupes populaires, ce gaspillage-là, ajouté à tous les autres ?
- S’ils z’ont pas de pain, qu’ils reluquent la reine, les purotins !
- Un président à treize pour cent arrondis à quatre-vingt-deux, c’est-y aussi nourrissant ?
- Tu sais que les Anglois, qui brûlèrent en Rouen Jehane la bonne Lorraine...
- Et servent de porte-coton au fou furieux de la Maison Blanche et du Billet Vert !
- Ils râlent vilain bicose qu’on a accueilli la couine sur la place où fut décapité le Capet, seizième de sa lignée, en comptant quelques bâtards glissés en catiminette dans la fente de la reine.
- Pas contents non plus, les Rosbifs, de cette entorse au protocole royal : de sa pogne roturière experte à palper la croupe des bovidés, le monarque républicain a osé toucher l’intouchable Bébeth de droit divin !
- Mieux vaut toucher la reine que le èrèmi...
- Gaffe mon pote, si tu causes politique dans le mauvais sens du poil, on t’invitera pas plus mort que vif dans la galerie des glaces cathodiques !
« Quand la reine est venue chez nous
« Ah ! La belle fête !
« j’ai répondu un peu troublé
« Ah ! Les belles manières !
« qu’ j’étais venu en républicain
« pour voir défiler nos symboles
« Je n’ai vu qu’une voiture noire
« à cent à l’heure sur les boulevards
« Vive les souliers à clous !
Quand la reine est venue chez nous
« Ah ! La belle fête !
« n’allez pas croire mes bons amis
« Ah ! Les belles manières !
« qu’ j’en veuille à Couine Elizabeth
« avec tous ses soucis d’argent
« ni à notre bon président
« qui aime un peu trop les agents
« Vive les souliers à clous !
