Friday, January 2, 2009

le cheval de Trois






La guerre de Troie n'aura pas lieu [Jean Giraudoux], pièce en deux actes et en prose de Jean Giraudoux, représentée pour la première fois en 1935 dans une mise en scène de Louis Jouvet et publiée la même année.

Écrite dans un contexte politique menaçant (la montée du fascisme en Europe), la pièce apparaît comme une sinistre prémonition de la Seconde Guerre mondiale. La scène est transposée dans la Troie assiégée d’avant l’Iliade (Homère) : Hector, revenu de guerre et n’aspirant plus qu’à la paix, reçoit une délégation grecque réclamant le retour d’Hélène enlevée par son frère Pâris. Mais les efforts pacifistes d’Hector et du grec Ulysse pour mettre un terme au conflit restent vains face aux menées bellicistes des vieillards de la cité et des nationalistes, tels le barde troyen Démokos et le soudard grec Oiax, qui multiplient les provocations et refusent de laisser partir Hélène. Exaspéré par l’attitude de Démokos, Hector le transperce de son javelot, mais Démokos préfère accuser le grec Oiax du meurtre. Décidée par le destin, la guerre aura donc lieu, donnant raison à la prophétesse Cassandre contre la confiance de la femme d’Hector, Andromaque, qui a ouvert la pièce avec ces mots : « La guerre de Troie n’aura pas lieu. » (Voir aussi Troie, guerre de.)

Dénonçant les absurdités de la guerre, cette pièce est certes une tragédie mais avec des accents de drame bourgeois et aussi de comédie, par son ton désinvolte, ses fantaisies anachroniques et son langage prosaïque jusqu’à la trivialité. Si les personnages perdent un peu de leur majesté, c’est que le tragique n’est pas à chercher dans la fatalité divine mais dans les forces obscures de l’humain. D’où la légitimité du combat d’Hector contre la notion de fatalité, d’où aussi le tragique de son échec.