Thursday, April 9, 2009

Le policier soupçonné d'avoir diffusé ce film, qui montre une agression dans un bus parisien, a été relâché après quelques heures de garde à vue. S'il a reconnu avoir été en possession de la vidéo, il nie en revanche l'avoir envoyé aux sites qui l'ont diffusée.

Après avoir enflammé le web français lundi, la vidéo d'une agression dans un bus RATP continue de provoquer des remous, mais cette fois au sein de la police.

La préfecture de police de Paris a en effet annoncé mercredi avoir saisi l'inspection générale des services pour connaître l'origine de la fuite qui avait permis à cette vidéo, filmée par la caméra de surveillance d'un bus, de sortir sur Internet. Depuis, un policier, membre du Service régional de la police des transports, a été placé en garde à vue puis relâché au bout de quelques heures. Si ce dernier a reconnu avoir été en possession de la vidéo, il affirme en revanche ne pas l'avoir envoyé aux sites qui l'ont diffusée. Les investigations se poursuivent donc pour trouver le responsable.

Mais revenons en arrière. Lundi, plusieurs sites et blogs, dont un certain nombre proches de l'extrême-droite, mais aussi beaucoup spécialisés dans le «buzz», les vidéos et autres informations virales, affichent une vidéo où de jeunes hommes en casquette et survêtements agressent violemment un homme en manteau et écharpe dans un bus de nuit RATP pour lui voler son portefeuille.

[ du fait de son caractère choquant et de ce que les visages des protagonistes sont identifiables, lefigaro.fr a choisi de ne pas diffuser cette vidéo]

Course à l'information
Le jeune homme est roué de coup et insulté, traité de «sale Français» et de «fils de pute». Les quelques passagers qui tentent de s'interposer sont également frappés, sans que le chauffeur ne réagisse. Baptisée «racailles qui agressent des Français», le film semble avoir été tourné par une caméra de surveillance au milieu de la nuit.

C'est le blogueur Versac qui va malgré lui contribuer à déclencher la tempête. Après avoir visionné la vidéo, qu'il a apparemment trouvé sur le réseau de microblogging Twitter, il publie sur son blog, Meilcour, un article dans lequel il s'interroge sur la véracité ou non de cette vidéo et demande, via Twitter, si quelqu'un a des renseignements à propos de ce film. C'est le départ d'une course à l'information entre blogueurs, qui conduit les journalistes web à s'intéresser au sujet. Le site 20minutes.fr finit par trouver une réponse, qui confirme celle que plusieurs blogueurs avaient évoqué : la vidéo est authentique et provient du réseau social Facebook, où elle a été postée par un jeune policier de l'Essonne, avant d'être reprise par un autre internaute sur un forum de jeuxvideo.com.

«Si l'IGS est au courant, je perds mon emploi»
20minutes et Le Post parviennent à avoir le fonctionnaire de police au téléphone. Il leur confie la même chose : « J'ai fait cela pour faire voir à mes amis dans quelles conditions on travaillait et ça a fuité ». «Je ne pensais pas qu'autant de monde verrait la vidéo. Elle était juste destinée à mes amis». Inquiet, il explique «je vais retirer tout de suite la vidéo. Si l'IGS est au courant, je perds mon emploi».

La préfecture de police confirme par la suite au site Le Post que la vidéo est bien authentique et date du 7 décembre 2008. Et qu'elle n'aurait jamais due se retrouver sur le web. Les images des caméras de la RATP «sont transmises sur réquisitions à des policiers qui les placent sous scellés», car ils font «partie du secret de l'enquête». Or, «tout policier qui viole le secret de l'enquête s'expose à des poursuites pénales et disciplinaires».

Les agresseurs du jeune homme, eux, ont bien été arrêtés, selon la préfecture de police. Deux l'ont été immédiatement après les faits suite à l'alerte de la RATP, un troisième grâce à la vidéo. Le quatrième agresseur n'a pas été retrouvé.